La Madone...
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Le nez dans le guidon en ce moment, je passe à côté de tout et de tous...mais ce visage de Madone, là, juste à ma droite, attire mon regard: c'est Ingrid Bétancourt.
J'avais entendu, comme tout le monde, qu'on attendait un signe de vie imminent. Et blablabla et blablabla...et je m'attendais à ce qu'il n'y en ait pas...une fois de plus.
La rumeur disait qu'elle aurait eu un enfant avec l'un de ses geôliers. Naîvement, je m'étais fait une représentation idéale et romantique de sa détention...un éden tropical, la Belle et sa Bête, tout le toutim...un enfant, la vie quoi, qui continuait même là-bas. Et ma conscience pour moi...
Et puis là, je suis dans une boulangerie. Je la vois. La Bétancourt. Morte-vivante. J'ai l'air con avec mes croissants. Je vois bien qu'elle est morte au dedans. J'achète le journal.
Avant de tourner les pages, je la regarde. Longtemps. Je vois le désespoir. Je vois l'enfer. Ses mots confirmeront.
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